Je me rends bien compte qu’il y a quelque chose de désuet dans cet art de la correspondance postale et que c’est une certaine nostalgie qui m’y rattache. Je suis d’une génération et d’une famille où les choses vraiment importantes se disent par lettre.
J’ai eu aussi des correspondances amoureuses. Intenses. Et aussi inévitablement, au milieu de ces dizaines de missives, une lettre d’adieu. Terrible. Je l’ai gardée pendant plus de vingt ans puis elle a mystérieusement disparu avec toutes ses sœurs aînées dans l’un de mes nombreux déménagements, me laissant ainsi l’opportunité de faire enfin complètement le deuil de mes amours de jeunesse.
Quand j’entends au détour d’un journal radio, que les services postaux vont se réduire et que la distribution du courrier est remise en cause, mon cœur se serre.
C’est vrai, il y a les sms, la messagerie instantanée et les mails. C’est vrai comme tout le monde je m’y suis mise et je trouve cela bien pratique. Mais la lettre reste au-dessus de tout. Elle implique une notion d’attente et de patience. Elle nous met en lien de manière plus personnelle avec l’autre, à travers son écriture bien sûr mais aussi le choix du papier, l’éventuelle décoration, autant d’ indices à déchiffrer sur quelques centimètres carré !
Alors avec mes quelques cartes et lettres mensuelles, j’espère naïvement être une petite goutte d’eau dans l’océan postal qui permettra peut-être aux facteurs de continuer à distribuer longtemps de l’émotion dans nos boites aux lettres !